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Photo de Gérard
Photo de Gérard
Assis dans son fauteuil roulant, sur la scène de la salle Robert-Loyson, Gérard Lefort a présenté, en première partie du spectacle de Laurence Joseph et Laurent Tanguy, son one-man show En roue libre. Vingt minutes pour faire découvrir la réalité du handicap. Le couple domino, composé de Laurence Joseph et Laurent Tanguy, a une fois encore régalé son public au Moule, lors du festival L & L. Jeudi, ils ont joué ensemble Domino le spectacle. Vendredi, le one woman show Ça va décoiffer a fait salle comble. Mais avant que le personnage d’Ernestine n’occupe l’espace, c’est le comédien Gérard Lefort, accompagné de son fauteuil, qui a ouvert le bal avec une première partie intitulée En roue
libre. Dans la salle Robert-Loyson pleine à craquer de spectateurs venus applaudir Laurence et Laurent, Bruno Messy, le producteur du festival, annonce la première partie : « Mesdames et messieurs, veuillez faire un triomphe au comédien Gérard Lefort, qui vous a préparé une prestation surprenante intitulée. » Applaudissements du public, réglage des éclairages de scène, silence, attente. Et là, surgit sur la scène un fauteuil roulant avec, à son bord, son propriétaire paraplégique Gérard Lefort, affublé d’un feutre sur la tête dans lequel est coincé, de manière bien visible, une carte d’invalide. LA RÉALITÉ DES PERSONNES HANDICAPÉES Comme si l’évidence ne suffisait pas! L’entrée en scène est pleine d’énergie, conquérante, insolente même, et le public est saisi. Légèrement gêné, sa curiosité est malgré tout piquée, il ne va pas falloir le décevoir. Alors, Gérard Lefort entre dans la peau d’un personnage handicapé, qu’il décrit comme « cynique et surtout très con » . Il passe en revue la réalité des personnes handicapées sans langue de bois, et s’attaque à tous les fronts. Allocation adulte handicapé dont la somme est dérisoire au regard de ce que coûte le handicap au quotidien, détails sur la vie sanitaire, affective, sexuelle, les relations aux autres (mobiles comme handicapés), les chances de réussite professionnelle, la vie culturelle et sportive des handicapés… Tout y passe à un rythme soutenu. Une vingtaine de minutes plus tard, Gérard Lefort se retire après une démonstration de techno. En roue libre a réussi son challenge. « Je veux essayer de modifier la représentation que les gens ont des handicapés » , explique le comédien. « Mais pour pouvoir profiter du spectacle, il faut dépasser l’empathie car, au début, beaucoup d’émotion passe. C’est à moi de faire en sorte que cela se fasse, et je travaille pour ça » . – Faire passer un message. En 2003, Gérard Lefort est frappé par un accident de moto qui le condamne à vivre en fauteuil. Face à ce drame, son caractère déterminé joue un rôle primordial et il décide de se battre pour continuer de vivre le plus possible comme avant. Et avant, Gérard Lefort était un boulimique de la vie. Homme aux multiples expériences professionnelles (Éducation nationale, Anpe, Greta), sportives (brevet d’État d’éducateur sportif premier degré, option judo, brevet de pilote d’ULM), il a autant besoin d’activités de compétition pour son équilibre que d’activités de collaboration (théâtre amateur, mime). Après son accident, il occupe des postes à l’Éducation nationale en Charente Maritime puis en Guadeloupe où, depuis mai 2009, il est chargé de mission pour sensibiliser les scolaires à la sécurité routière. Parallèlement, il s’engage à haut niveau dans le monde associatif en assumant de mai 2011 à avril 2012 la présidence de la fédération internationale des Droits de la personne handicapée. En décembre 2009, il participe à un master class professionnel et semi-professionnel
organisée par Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre du Rond-Point, à Paris. Cette expérience va le conduire à fonder le Gag, Groupement des artistes guadeloupéens, en mars 2010, qu’il préside jusqu’en janvier 2013. Aujourd’hui, il revient tout juste d’une formation à l’école parisienne du One man show et souhaite maintenant allonger ses vingt minutes de scène en un spectacle plus conséquent. LA PHRASE. Les acteurs handicapés seront vraiment inclus quand il y aura des rôles pour nous, quand les valides ne joueront plus nos rôles. Aujourd’hui, il existe des initiatives qui vont dans ce sens, comme la compagnie de danse Axis Dance,à San Francisco, qui fait danser ensemble valides et personnes en fauteuil.
France-Antilles du 18/04/13