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interview de Gerard Lefort par le magazine l'humanité
Interview de Gérard Lefort par l’humanité.fr
Loin des clichés larmoyants sur le handicap, Gérard Lefort livre, assis dans son fauteuil roulant, un spectacle de stand-up mordant.
Quand on songe au stand-up, la voie rêvée pour jeunes comiques speedés, on n’imagine guère voir débouler sur scène son exact contraire : un comédien vieux et paraplégique. On songe au mot prêté à Ray Charles : « Je suis aveugle, mais on trouve toujours plus malheureux que soi… J’aurais pu être noir. » Ce qui est aussi le cas de Gérard Lefort.
Débouler est bien le mot, car c’est en fauteuil roulant que Gérard Lefort se livre au stand-up –ou plutôt wheel-up en l’occurrence. Rodé à Avignon, le show s’est maintenant installé dans la capitale, jusque fin avril. En une heure, tout y passe, de la ridicule augmentation de l’allocation adulte handicapé, 9 centimes cet été, ce qui la porte à très exactement 790 euros et 18 centimes par mois. « Mine de rien à ce rythme là, dans 5 ans on rattrape le seuil de pauvreté … de 1984 », calcule Lefort. Avant de lâcher « honnêtement quand on voit ce qu’ils donnent pour un handicapé adulte, on n’a pas envie de devenir handicapé enfant ». Il est comme ça Gérard Lefort, il met les pieds dans le plat. Quoi, ce n’est pas très heureux comme expression, s’agissant d’un handicapé privé de l’usage de ses jambes ?
 « Y en a peut-être qui ont l’impression de s’être fait arnaquer parce qu’ils ne découvrent qu’un demi-artiste. Vous avez raison. Au début moi je voulais faire demi tarif, mais mon petit côté matheux a vite repris le dessus, vous êtes beaucoup trop nombreux ». Il y a du grinçant, pour parler des  fast-foods, les rares ou les seuls « restaus » où il n’y a pas des petites portes ou des grandes marches. Du rentre-dedans pour  causer sexe, « parce que depuis le début, je vois bien que vous vous posez la question» lance-t-il sans détour au public. Et aussi, mais là avec beaucoup de pudeur, de l’émotion pour celui qui à presque trois fois vingt ans, se définit comme « un homme debout ».
ASSEYEZ-VOUS, CA VA FAIRE MAL !
Tous les mercredis à 19h00, et à partir du 5 avril tous les dimanches à 14h00 ,
au Théâtre BO
19 Bouleverd Saint-Martin
75003 Paris
Lionel Venturini / Vendredi, 6 Mars, 2015

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